Tensions préélectorales : Une coalition francophone exhorte la CPI à intervenir en Côte d’Ivoire

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À six mois de la présidentielle ivoirienne, le climat politique s’alourdit dangereusement. Des exclusions controversées, des tensions identitaires et une justice perçue comme instrumentalisée alimentent une situation explosive. Face à cela, plusieurs coalitions africaines francophones interpellent le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) : il est temps d’envoyer un avertissement clair aux acteurs politiques du pays.

Des exclusions électorales qui enflamment le débat

La décision de ne pas inscrire Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro sur les listes électorales – pour des raisons judiciaires – a mis le feu aux poudres. Ces figures de l’opposition, toutes liées à la crise post-électorale de 2010-2011, crient à l’acharnement politique. En réponse, plusieurs partis d’opposition (PDCI, PPA-CI, FPI) ont suspendu leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI), accusée de partialité.

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Le cas Tidjane Thiam envenime les tensions

Autre point de crispation : la nationalité de Tidjane Thiam, président du PDCI. Certains contestent son « ivoirité », une rhétorique aux relents xénophobes déjà vue dans les pires heures de la politique ivoirienne. À cela s’ajoutent appels à la violence, discours haineux et menaces sur les réseaux sociaux.

Une peur sourde d’un retour au chaos

Les coalitions francophones pour la CPI (CAF-CPI) s’alarment. Dans une déclaration du 21 avril, elles dénoncent une escalade verbale dangereuse et rappellent le lourd tribut de la crise de 2010-2011 : plus de 3 000 morts. Elles demandent au procureur de la CPI d’intervenir en amont, pour prévenir de nouveaux crimes potentiels.

Une justice internationale bloquée

Les organisations exigent également que la CPI publie les conclusions de l’enquête dite « Côte d’Ivoire 2 », censée faire la lumière sur les crimes commis lors de la crise. Dix ans après les faits, aucune décision officielle n’a été rendue, alimentant frustration et soupçons.

Pendant ce temps, les verdicts nationaux tombent : Gbagbo condamné pour l’affaire BCEAO, Blé Goudé pour torture et meurtres, Soro à perpétuité pour tentative de déstabilisation. Trois poids lourds de l’opposition mis hors-jeu. Tous dénoncent une justice aux ordres.

Vers une présidentielle verrouillée ?

Malgré les appels de la société civile et les décisions de la Cour africaine des droits de l’homme en faveur des exclus, le pouvoir ivoirien reste inflexible. Ce refus d’ouverture alimente le sentiment d’une élection verrouillée, où la compétition démocratique serait faussée dès le départ.

Pour la CAF-CPI, il est encore temps d’agir. Mais le compte à rebours est lancé. Et le silence prolongé de la justice internationale pourrait se payer cher.

GG


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