À moins de cinq mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, la position de la France sur la question de la révision de la liste électorale est désormais claire. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a exclu toute pression diplomatique en faveur des revendications portées par l’opposition ivoirienne.

Interrogé à l’Assemblée nationale française par le député Aurélien Taché, le ministre a affirmé que la France n’interviendrait pas dans les décisions relevant des autorités ivoiriennes. « Quant à la révision de la liste électorale, la décision d’y procéder relève de la responsabilité des institutions ivoiriennes », a-t-il déclaré, rappelant l’attachement de Paris à un partenariat « ancien, dense et dynamique » avec la Côte d’Ivoire.
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Cette déclaration met un terme aux espoirs nourris par une partie de l’opposition, qui attendait un appui des partenaires occidentaux, notamment la France, pour obtenir une nouvelle révision du fichier électoral avant le scrutin prévu en octobre 2025.
La position française rejoint celle exprimée à plusieurs reprises par la Commission électorale indépendante (CEI) et le gouvernement ivoirien. La CEI invoque des contraintes de calendrier pour justifier l’impossibilité de revoir le fichier électoral. Le RHDP, parti au pouvoir, soutient également cette ligne. Le 26 février dernier, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, avait indiqué : « C’est la CEI qui est chargée de la révision de la liste électorale et c’est à elle de se prononcer. »
L’opposition ivoirienne conteste cette position. Elle continue de réclamer un audit du fichier électoral actuel, qu’elle considère entaché d’irrégularités, et demande l’enregistrement de plusieurs millions de citoyens non inscrits.
La question concerne aussi le cas de Tidjane Thiam, candidat désigné du PDCI-RDA. Ce dernier a été écarté de la liste électorale après une décision de justice en 2022, qui a statué qu’il ne remplissait pas les conditions de nationalité exigées au moment de son inscription.
Le RHDP, de son côté, appelle à la sérénité. « Nous demandons aux autres de se conformer à la loi et de se préparer à aller aux élections », a déclaré Kobenan Kouassi Adjoumani lors d’une réunion du parti présidentiel, affirmant que le scrutin se tiendra dans les délais constitutionnels, dans le calme.
GG