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Naissance du RHDP : Quel sera le poids du parti unifie en 2020 ?

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Coalition politique née le 18 mai 2005, qui a réussi à prendre le pouvoir contre Laurent Gbagbo en 2010 était destinée à se transformer en parti politique avec tous les partis adhérents. A l’époqueil comprenait le PDCI, le RDR,[les plus grands partis]et de petits partis politiques que sont l’UDPCI, le MFA, l’UPCI et le PIT. Treize années plus tard, la promesse d’un RHDP mué en parti politique vient de voir le jour. Seulement, au moment où Alassane Ouattara prend les rennes de ce nouveau parti, la composition du RHDP unifié s’est fortement amaigrie. Elle n’a plus le MFA, le PIT, l’UPCI et surtout son plus gros allié, le PDCI.

Lors de son premier congrès le samedi dernier, seul l’UDPCI de Albert Mabri Toikeuse est resté dans le moule, faisant du RHDP unifié, en fait un RDR bis, auquel a été agrafé l’UDPCI et des bouts de tissus des anciens alliés, notamment des dissidents du PDCI et non des moindres. Ils étaient bien présents à ce congrès. Il s’agit entre autres du Vice-président, Daniel Kablan Duncan, du Secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, des ministres Adjoumani Kobenan, Alain Donwahi. Bien d’autres petits partis politiques qui ont décliné l’offre du parti unifié ont laissé également quelques membres qui ont préféré rester dans le RHDP unifié. Des individualités, fortes ou faibles, qui ne peuvent vraiment pas peser de façon conséquente sur le poids politique du RHDP.

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Que pèse d’ailleurs le RHDP unifié aujourd’hui ? répondre à cette question, équivaut à se demander le poids du RDR auquel il faudra ajouter celui de l’UDPCI et la marginale mobilisation que pourrait susciter l’adhésion au parti unifié des dissidents. Deuxième formation politique de Côte d’Ivoire au sortir du premier tour de la présidentielle de 2010, le poids du RDR ne s’est jamais vraiment révélé depuis lors ;compte tenu de son alliance avec le PDCI durant les élections qui vont suivre. En 2015, Ouattara remporte la présidentielle avec le score soviétique de plus de 80%. Mais cette victoire n’est pas le seul fait du RDR car son principal allié, le PDCI a fortement pesé dans la balance. Idem pour les législatives de 2016 qui ont permis à la coalition du RHDP de rafler 167 sièges sur les 253. L’UDPCI qui s’était désolidarisé du RHDP à l’époque avait remporté 5 sièges, sortant comme le plus grand parti d’opposition devant le FPI de Affi N’Guessan et l’UPCI qui enregistrait chacun 3 sièges. La surprise de ces législatives viendra des indépendants qui remporteront 75 sièges. Un chiffre à prendre avec des pincettes car nombreux parmi ces indépendants étaient issus des partis membres du RHDP. Nombre d’entre eux d’ailleurs rejoindront d’ailleurs la coalition.

Suite à la rupture entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara sur l’accord de Daoukro, le PDCI va se désolidariser du RHDP. Cela va entrainer la composition du groupe parlementaire PDCI au sein de l’assemblée nationale composé de 89 membres à ce jour. Tandis que du côté du RHDP, le groupe parlementaire revendique 164 députés. Un chiffre qui a grossi avec les ralliements au RHDP de nombreux élus indépendants. Et bien évidemment de l’UDPCI qui a rejoint à nouveau le parti unifié.

Il ressort de ces groupes parlementaires que le RHDP unifié compte aujourd’hui 64% des élus de l’hémicycle et reste en tête des formations politiques de Côte d’Ivoire. Il est suivi du PDCI avec 35% des députés. En attendant qu’éventuellement le FPI retrouve l’unité et soit décidé, pour sa branche radicale, à entrer dans le jeu politique après toutes ces années de « politique de la chaise vide », l’échiquier politique ivoirien comprend deux grands partis à même de remporter la présidentielle de 2020 : le RHDP unifié suivi du PDCI. Un classement conforté par les dernières municipales remportées par le parti unifié avec 93 communes suivi des indépendants 56 sièges et du PDCI avec 50 sièges. Résultats d’octobre 2018 qui ne prend pas en compte les communes qui ont fait l’objet de contestation et qui ont vu la confirmation de la victoire du candidat PDCI à Port-Bouët et du candidat RHDP à Grand-Bassam.

Une rude bataille entre ces deux formations politiques qui donne le ton d’une opposition encore plus tenace lors de la présidentielle de 2020. Pour l’heure, le RHDP à peine né est le premier parti politique de Côte d’Ivoire. Son candidat serait à priori le favori pour la présidentielle. Seulement, en politique, les mathématiques ont très peu la côte. Car il faudra compter avec cette horde d’indépendants qui se laissent désirer autant dans l’hémicycle que dans les communes. Mais le facteur qui risque vraiment de changer la donne est le FPI. Divisé certes mais fortement fédérateur, avec une galaxie de militants intraitables et fidèles jusqu’à l’os, le parti de Laurent Gbagbo pourrait apparaitre comme le faiseur de roi en 2020, comme le PDCI en 2010, si le FPI envisageait de soutenir le PDCI ou le RHDP unifié. S’il est quasiment impossible pour les frontistes de rejoindre le parti d’Alassane Ouattara, les chances de le voir s’allier au PDCI ne sont pas exclus.

Henri Konan Bédié ayant pressenti l’importance du FPI a la prochaine présidentielle n’a pas manqué de faire les yeux doux au FPI en exigeant la libération de l’ancien président incarcéré à la Haye et en évoquant un rapprochement entre les deux partis, pourtant ennemis d’hier.  Hormis ce facteur déterminant que constitue le FPI, il faut compter avec les troubles fêtes. Les indépendants, mais aussi le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, dont la démission en février a été annoncée de façon curieuse par le Chef de l’Etat. Conséquence de sa non adhésion au RHDP unifié. L’ancien bras droit et dauphin présidentiel de Ouattara a aussi quitté la maison unifiée et ne cache plus ses amitiés avec Henri Konan Bédié, de même que Laurent Gbagbo. S’il est difficile de peser le poids politique de l’ancien chef rebelle, il faut compter avec les nombreux sympathisants qu’il a mobilisé à travers différents mouvements et sa forte présence sur les réseaux sociaux. Sa candidature en 2020 n’est plus un secret de polichinelle et au moment opportun, il devra pencher pour l’un des plus grands partis que sont le PDCI et le RHDP unifié.

Attention toutefois à ne pas se fier à la balance qui mesure le poids des partis politiques. D’autres facteurs pourraient chambouler tous ces calculs. Notamment une éventuelle candidature d’Alassane Ouattara qui pourrait s’avérer fatale pour le RHDP unifié si elle était mal perçue par l’opinion nationale et internationale. L’essor des réseaux sociaux n’est pas à négliger dans les effets de chamboulements qui pourraient apparaitre en 2020 car internet aujourd’hui à un impact non négligeable sur l’opinion. Et il faudra compter avec l’arrivé de candidats inconnus pour rassembler les citoyens qui veulent rompre avec toute la classe politique actuelle.

 

Kouakou Kouamé