À moins de deux ans de l’élection présidentielle d’octobre 2025, le RHDP, parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, traverse une période de turbulences marquée par des divisions internes et une fronde persistante des militants de l’ex-UDPCI.
Les frustrations des militants de l’ex-UDPCI
Depuis son retour dans le RHDP en 2021, Albert Toikeusse Mabri, leader de l’ex-UDPCI, a peiné à réintégrer pleinement ses militants dans les structures du parti unifié. Nombre d’entre eux se disent marginalisés et dénoncent un manque de reconnaissance. « Le retour ordonné des militants n’est qu’une illusion », confie un cadre de l’ex-UDPCI.
Mabri lui-même, malgré son statut de 2ᵉ vice-président du RHDP, a été tenu à l’écart du gouvernement pendant deux ans. Ce n’est qu’en mai 2024 qu’il a été nommé ministre-conseiller à la présidence, un poste jugé symbolique pour une figure de son envergure. Pourtant, dans la région du Tonkpi, bastion de l’ex-UDPCI, Mabri conserve une influence solide.
Des querelles entre cadres du RHDP
Les divisions ne se limitent pas à l’ex-UDPCI. Des tensions éclatent régulièrement entre cadres du RHDP. À Abidjan, le différend entre Cissé Bacongo, ministre-gouverneur du district, et Adama Bictogo, maire de Yopougon, sur les déguerpissements a mis en lumière des rivalités profondes.
À Port-Bouët, la gestion de l’abattoir a provoqué un autre conflit entre Cissé Bacongo et le ministre Sidi Tiémoko Touré. Bien que ces désaccords soient publiquement apaisés, ils reflètent un malaise persistant au sein des instances dirigeantes du parti.
Un contexte politique tendu
Pendant que le RHDP tente de résoudre ses différends, l’opposition s’organise. Le PDCI-RDA, sous la direction de Tidjane Thiam, affiche une dynamique nouvelle. Succédant à Henri Konan Bédié, Thiam incarne le renouveau du parti. Il multiplie les initiatives pour rassembler ses militants et se positionner comme une alternative crédible.
De son côté, Laurent Gbagbo, à la tête du PPA-CI, intensifie sa mobilisation malgré son inéligibilité. Accompagné de son épouse Nady Gbagbo, il sillonne le pays pour renforcer sa base. Même Pascal Affi N’Guessan semble prêt à rejoindre une opposition unifiée.
Les défis pour le RHDP
Face à ces défis, le RHDP devra résoudre ses divisions internes pour préserver ses chances en 2025. L’Ouest montagneux, région clé et fief de Mabri Toikeusse, pourrait jouer un rôle déterminant. Une marginalisation prolongée des militants de l’ex-UDPCI pourrait coûter des voix cruciales au parti.
Dans ce climat, le RHDP devra également se préparer à une éventuelle alliance entre le PDCI et le PPA-CI, qui pourrait inclure d’autres formations politiques comme le MGC et le COJEP. Cette coalition pourrait représenter une menace sérieuse pour le parti au pouvoir.
La présidentielle de 2025 s’annonce comme un véritable test pour le RHDP, qui devra surmonter ces turbulences pour espérer maintenir sa position dominante sur l’échiquier politique ivoirien.
Grace-Gaelle