Tchad : La France commence à rétrocéder ses bases militaires

La présence militaire française au Tchad, vieille de soixante ans, est en train de prendre fin. Ce jeudi, la France a rétrocédé une première base militaire située à Faya, dans le nord désertique du pays, à l’armée nationale tchadienne (ANT). Cette rétrocession intervient moins d’un mois après que N’Djamena a annoncé la suspension de l’accord militaire liant les deux pays.

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Dans un communiqué publié sur Facebook, le ministère tchadien des Armées a confirmé que le personnel et le matériel de la base de Faya allaient regagner la France dans les prochains jours. « 54 véhicules ont pris la route en convoi à 11h30 en direction de N’Djamena, tandis qu’un avion Antonov 124 a décollé avec plus de 80 tonnes de fret », précise le ministère.

Selon l’état-major français, une trentaine de militaires étaient stationnés à Faya. La rétrocession de cette base sera suivie de celles d’Abéché et de N’Djamena dans les semaines à venir. Un officier de l’armée française a rappelé que la base de Faya jouait un rôle important, notamment en fournissant une aide médicale à la population locale et en servant de point de départ pour des opérations militaires conjointes avec l’armée tchadienne.

Fin d’un partenariat historique

Le retrait français fait suite à la décision prise par le Tchad le 28 novembre 2024 de mettre un terme à l’accord de défense signé avec la France à la fin de la colonisation. Selon le président Mahamat Idriss Déby Itno, ces accords sont désormais « obsolètes » et ne correspondent plus aux « réalités politiques et géostratégiques » actuelles.

Du côté français, l’état-major a indiqué que cette transition marque « la fin d’une présence militaire permanente qui ne répondait plus aux attentes et aux intérêts des deux parties ». Le retrait se fait selon un calendrier établi en concertation avec les autorités tchadiennes.

Un contexte de rejet régional

Ce retrait s’inscrit dans une dynamique régionale plus large, où plusieurs pays africains ont demandé à la France de retirer ses forces militaires. Entre 2022 et 2023, le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso ont mis fin à la présence française sur leur territoire. Le Tchad, considéré comme un maillon clé de l’influence militaire française en Afrique, constituait le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel.

La décision du Tchad de dénoncer l’accord de défense a donc marqué un tournant. Ce retrait coïncide également avec une période de tensions politiques internes, à quelques jours des élections législatives, provinciales et locales prévues dimanche, qui sont boycottées par l’opposition.

Avec ce départ, la France tourne une page importante de son histoire militaire en Afrique, tandis que le Tchad réaffirme son autonomie stratégique dans un contexte de recomposition des alliances géopolitiques sur le continent.

DS