Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes), notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, réorientent leur stratégie de sécurité en s’appuyant désormais sur l’espace. Le récent partenariat signé avec l’agence spatiale russe Roscosmos témoigne de cette nouvelle orientation. Selon des informations obtenues par Presseivoire.net de la source L’Opinion, cet accord pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’insécurité qui gangrène la région depuis des années.
Une nouvelle ère de coopération sécuritaire …..
L’accord, signé le 23 septembre 2024, vise à fournir aux trois pays sahéliens des images satellitaires de haute résolution. Ces données seront cruciales pour surveiller les mouvements des groupes armés et des insurrections islamistes qui continuent de déstabiliser la région. Ce partenariat ne se limite pas seulement à la fourniture d’images. Il prévoit également la formation du personnel local aux technologies spatiales, ce qui pourrait renforcer durablement les capacités de renseignement de ces nations.
La fin d’une époque : le tournant vers de nouveaux alliés …..
Pendant plus d’une décennie, les armées occidentales, en particulier celles de la France et des États-Unis, ont été les principaux partenaires de ces pays dans leur lutte contre le terrorisme. Cependant, suite à des tensions diplomatiques et à la montée du sentiment anti-occidental dans ces États, la coopération avec ces puissances a pris fin, obligeant les juntes militaires au pouvoir à chercher de nouveaux alliés stratégiques.
C’est dans ce contexte que Niamey, la capitale du Niger, avait déjà amorcé une collaboration avec la Chine pour obtenir des images satellitaires. Aujourd’hui, avec la signature de cet accord avec Roscosmos, le Niger, le Burkina Faso et le Mali renforcent leurs liens avec Moscou, confirmant un basculement géopolitique vers l’Est.
L’apport stratégique des satellites dans la guerre moderne …..
Dans une région où les vastes étendues désertiques rendent difficile le suivi des mouvements des groupes armés, l’utilisation des satellites pourrait être un atout majeur. Les images satellitaires permettent de détecter des camps, des convois ou des rassemblements suspects en temps réel, offrant ainsi une longueur d’avance aux forces militaires locales dans leur traque des groupes extrémistes. De plus, la capacité d’accéder à ces données de manière autonome, sans dépendre de partenaires extérieurs, renforce l’indépendance stratégique des juntes sahéliennes.
Un engagement sur le long terme ….
L’accord signé avec Glavkosmos, une filiale de Roscosmos, prévoit une première phase de cinq ans, durant laquelle le personnel sahélien sera formé à l’exploitation et à la gestion des données spatiales. Cet aspect de l’accord est crucial, car il ne s’agit pas simplement d’une aide ponctuelle, mais d’un transfert de compétences qui pourrait avoir des répercussions positives sur le long terme. En formant des techniciens et des experts locaux, la Russie participe non seulement au renforcement de la sécurité régionale, mais s’inscrit aussi comme un acteur clé dans le développement des capacités technologiques et scientifiques du Sahel.
La guerre du futur se joue dans l’espace …
Ce partenariat spatial entre les pays sahéliens et la Russie illustre la mutation des enjeux sécuritaires dans la région. Alors que la guerre au sol s’avère toujours plus complexe et difficile à mener, la maîtrise des technologies spatiales apparaît comme une voie d’avenir. Dans ce nouveau contexte, le ciel et l’espace deviennent des théâtres de guerre où se joue la survie des États face aux menaces terroristes et aux insurrections.
Ainsi, le Mali, le Burkina Faso et le Niger entament une nouvelle phase dans leur lutte pour la stabilité, où la technologie spatiale s’impose comme une arme cruciale pour l’avenir de la région.
Grace-Gaëlle