Révision de la liste électorale en 2025 : la CEI tranche en faveur de la stabilité du processus électoral

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Le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a récemment clarifié la position de son institution concernant la possibilité d’une Révision de la Liste Électorale (RLE) en 2025. Lors d’une rencontre avec l’Ordre des avocats ivoiriens le 23 janvier à Abidjan, il a mis en avant des considérations pratiques et légales pour justifier ce choix, qui continue d’alimenter les débats en Côte d’Ivoire.

Un cadre légal interprété avec rigueur

Selon M. Coulibaly-Kuibiert, la loi en vigueur ne contraint pas à effectuer une RLE avant les élections, mais impose plutôt une mise à jour annuelle de la liste électorale. Cette lecture repose sur l’article 6 de l’ordonnance n° 2020-356 du 8 avril 2020, qui stipule cette obligation d’actualisation. « La loi dit que la révision doit se faire chaque année. Donc, elle peut se faire après les élections », a-t-il affirmé.

Malgré cette interprétation, la régularité de l’application de cette loi reste questionnée. Depuis 2010, seules cinq révisions ont été organisées, un point qui suscite les critiques des partis d’opposition. Ces derniers plaident pour une RLE en 2025, estimant qu’elle est essentielle pour intégrer de nouveaux électeurs dans le processus démocratique.

Les appels pressants de l’opposition et les moyens financiers disponibles

Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), par l’intermédiaire de son groupe parlementaire, a intensifié la pression sur la CEI. Le 20 janvier, il a proposé un calendrier précis pour la révision, s’étalant de février à juin, et recommandé de réutiliser les données collectées en 2024 afin de limiter les coûts. Avec un budget global de 54 milliards FCFA pour l’année 2025, dont 27,5 milliards spécifiquement alloués à la révision de la liste électorale, les moyens financiers semblent effectivement à la hauteur pour mener une telle opération.

En 2024, le budget consacré à la RLE s’élevait à 18,2 milliards FCFA, permettant d’enregistrer 943 157 nouveaux inscrits. Ces chiffres illustrent une dynamique positive qui, selon l’opposition, devrait se poursuivre pour consolider la représentativité des électeurs avant les élections d’octobre 2025.

Un enjeu démocratique de taille

Depuis 2000, le nombre d’électeurs inscrits en Côte d’Ivoire a connu une croissance constante, passant de 5,4 millions à 7,4 millions en 2020. Entre 2023 et 2024, 1,6 million de nouveaux électeurs ont été ajoutés, et une RLE en 2025 pourrait porter ce chiffre à plus de 2,5 millions depuis la présidentielle de 2020.

Pour l’opinion publique et les acteurs politiques favorables à une RLE cette année, cette opération représente un impératif démocratique. Cependant, la CEI privilégie une approche axée sur la continuité et la stabilité, affirmant que la mise à jour annuelle de la liste électorale peut intervenir après les échéances électorales, conformément à la loi.

Vers une année électorale sous tension ?

Le débat sur la RLE illustre les tensions persistantes entre les exigences légales et les aspirations démocratiques en Côte d’Ivoire. Si la CEI maintient sa position, la question de l’inclusion de nouveaux électeurs pourrait devenir un sujet de controverse majeure à l’approche des élections d’octobre 2025.

Dans ce contexte, le dialogue entre les différentes parties prenantes semble indispensable pour éviter une polarisation accrue et garantir un processus électoral apaisé.

DS


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