À l’approche de la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, une question domine les discussions : Alassane Ouattara se présentera-t-il pour un 4ème mandat ? Malgré les spéculations et les nombreuses manifestations de soutien, le président sortant reste silencieux, cultivant une ambiguïté qui suscite de nombreuses interprétations.
Les signes avant-coureurs d’une candidature de Ouattara ne manquent pas. Le 27 mai 2024, le RHDP, parti au pouvoir, le désigne comme son « candidat naturel » lors d’un conclave réunissant les hauts dignitaires du parti. Depuis, le pays est le théâtre de nombreux meetings en faveur d’une nouvelle candidature du chef de l’État. Cette dynamique rappelle étrangement celle de 2020, lorsque des campagnes similaires avaient précédé l’annonce de sa candidature pour un troisième mandat controversé.
Pour certains observateurs, ce silence de Ouattara n’est qu’une façade. Anaky Kobenan, ancien allié de Ouattara et figure de l’opposition, affirme que les moyens considérables déployés pour encourager sa candidature laissent peu de place au doute. Cette stratégie, combinée à l’absence d’un successeur de poids au sein du RHDP, renforce l’idée que Ouattara pourrait être contraint de se représenter.
Le décès d’Amadou Gon Coulibaly en 2020, suivi de celui d’Ahmed Bakayoko en 2021, a laissé un vide au sein du parti. Patrick Achi, ancien Premier ministre, semblait un successeur potentiel, mais un remaniement inattendu en octobre 2023 a brusquement freiné son ascension.
Certains comparent la situation ivoirienne à celle du Sénégal, où le président Macky Sall a finalement renoncé à briguer un troisième mandat, suscitant des questionnements sur la stabilité politique. En Côte d’Ivoire, le maintien de Ouattara comme candidat pourrait être perçu comme un moyen de garantir la victoire du RHDP face à des adversaires redoutables comme Tidjane Thiam ou Laurent Gbagbo, si ce dernier venait à régulariser sa situation judiciaire.
Dans ce contexte, le silence d’Alassane Ouattara apparaît de plus en plus comme une stratégie calculée, laissant planer le doute jusqu’à la dernière minute. Lors d’une session du Congrès ivoirien le 18 juin dernier, au lieu d’annoncer sa décision, il a préféré défendre son bilan, ajoutant encore à l’incertitude. Cette posture, loin d’être anodine, pourrait bien être une manœuvre destinée à maintenir toutes les options ouvertes jusqu’à la dernière minute.
DS