La France rappelle son ambassadeur en Italie pour consultations face à « une situation grave » qui « n’a pas de précédent depuis la fin de la guerre », a annoncé jeudi 7 février la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Agnès von der Mühll, déplorant des « accusations répétées », des « attaques sans fondement » et des « déclarations outrancières ». « Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus », souligne Mme von der Mühll, dans un communiqué.
Peu après cette annonce, les deux chefs politiques du gouvernement populiste italien, Matteo Salvini et Luigi Di Maio, se sont déclarés « disponibles » pour dialoguer avec le gouvernement français. « Nous sommes tout à fait disposés à rencontrer le président Macron et le gouvernement français », a écrit M. Salvini, patron de la Ligue (extrême droite) dans un communiqué, assurant qu’il ne voulait pas de conflit avec Paris.
Macron, un « très mauvais président »
Le Quai d’Orsay avait déjà dénoncé mercredi une « provocation inacceptable » après une rencontre la veille entre le vice-président du conseil italien et chef politique du Mouvement 5 étoiles (antisystème), Luigi Di Maio, et des représentants des « gilets jaunes » en France. Mardi, c’est M. Di Maio lui-même qui a annoncé cette réunion sur les réseaux sociaux, en ajoutant : « Le vent du changement a franchi les Alpes. Je répète : le vent du changement a franchi les Alpes. »
Cette rencontre faisait suite à une série de propos d’une rare violence de M. Di Maio comme de M. Salvini à l’encontre de l’exécutif français. Matteo Salvini, patron de l’extrême droite italienne et homme fort du gouvernement Conte, a ainsi dit espérer que le peuple français se libère bientôt d’un « très mauvais président », des propos totalement inédits entre responsables de pays fondateurs de l’Union européenne. « Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre », a poursuivi la porte-parole.
Matteo Salvini tente d’organiser un front européen de l’extrême droite contre les proeuropéens, incarnés notamment par le chef de l’Etat français, en vue du scrutin du 26 mai. « La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie, a dit Agnès Von Der Mühll. Tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France. »