Le verdict est tombé le mardi 8 avril 2025, dans une salle d’audience sous tension. Ghislain Duggary Assy, enseignant et figure syndicale bien connue, été condamné à 24 mois de prison ferme. Les faits qui sont reprochés : « coalition d’agents publics » et « entrave au fonctionnement du service public ».
Le tribunal correctionnel d’Abidjan n’a pas suivi les réquisitions du procureur, qui réclamait trois ans de prison, mais a tout de même infligé une lourde peine à Ghislain Assy. L’enseignant avait été arrêté dans la nuit du 2 au 3 avril, à la veille d’une grève nationale des enseignants pour réclamer le paiement de primes promises depuis des mois. Selon son avocat, l’arrestation a eu lieu à son domicile à 1 heure du matin, sans mandat et en présence de sa famille.
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La défense crie à l’acharnement judiciaire. Me Léon Paul Boto,, son avocat fustige une procédure irrégulière de bout en bout : arrestation nocturne illégale, absence de preuves matérielles, et surtout, négation du droit de grève pourtant inscrit dans la Constitution ivoirienne. « On reproche à M. Assy d’avoir relayé un appel à la grève, ce qui est parfaitement légal », insiste l’avocat. « Il n’a pas empêché le fonctionnement des écoles. Où sont les preuves ? Il n’y en a pas. »
Pire encore, Me Boto voit dans ce procès un signal dangereux envoyé à tous les militants syndicaux. Il accuse le parquet de vouloir faire passer toute contestation sociale pour un délit. « On sort l’argument absurde selon lequel un syndicat ne pourrait même pas échanger avec ses membres pendant les heures de travail », s’indigne-t-il.
La défense a tenté d’obtenir l’annulation du procès, invoquant pas moins de quatre violations majeures des droits de l’accusé, dont l’interpellation sans mandat en pleine nuit. Mais la juge est restée inflexible.
Pour Me Boto, l’affaire dépasse largement le cas de Ghislain Assy. « Ce procès est un précédent inquiétant. Si la Cour d’appel ne corrige pas cette décision, c’est la liberté syndicale qui est en danger dans ce pays. » L’avocat, soutenu par plusieurs confrères présents au procès, promet de poursuivre le combat : « Nous ferons appel et irons jusqu’au bout. »
GG