Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, lundi 9 décembre, l’auteur franco-camerounais Charles Onana à une amende de 8 400 € pour « complicité de contestation publique de l’existence d’un crime contre l’humanité ». Cette décision fait suite à des passages controversés de son livre publié en 2019, Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise. Quand les archives parlent, dans lesquels il remet en question la qualification de génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
L’éditeur de l’ouvrage, Damien Serieyx des Éditions du Toucan, a également été reconnu coupable et condamné à une amende de 5 000 €. Par ailleurs, les deux hommes devront verser un total de 11 000 € à plusieurs associations de défense des droits humains, dont Survie, la Ligue des droits de l’Homme et la Fédération internationale des droits humains, qui s’étaient constituées parties civiles.
Passages incriminés
Le livre de Charles Onana contient une vingtaine de passages litigieux, parmi lesquels des déclarations contestant la réalité du génocide des Tutsis. Il affirme notamment que « le conflit et les massacres du Rwanda n’ont rien à voir avec le génocide des Juifs ! » et qualifie la thèse d’un génocide planifié par le régime hutu de « l’une des plus grandes escroqueries du XXe siècle ».
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Ces propos ont suscité des réactions vives et conduit au dépôt d’une plainte en 2020 par des associations de défense des droits humains, invoquant la loi française de 2017. Celle-ci élargit la pénalisation de la négation ou de la banalisation outrancière de génocides reconnus, incluant celui des Tutsis au Rwanda, en plus de la Shoah.
Contexte historique
Le génocide des Tutsis, perpétré en 1994 sous l’égide du régime extrémiste hutu, a causé la mort de près de 800 000 personnes entre avril et juillet de la même année, selon les estimations des Nations unies. Parmi les victimes figuraient majoritairement des membres de la minorité tutsie, ainsi que des Hutus modérés opposés au régime.
Tensions après le verdict
La salle d’audience, pleine à craquer lors de l’énoncé du jugement, a été le théâtre de tensions après la décision du tribunal. Une partie du public a scandé des slogans en soutien à Charles Onana, tels que « Onana innocent » et « Kagame assassin », en référence au président rwandais Paul Kagame, leader du Front patriotique rwandais (FPR) lors de la rébellion qui mit fin au génocide.
Les forces de l’ordre, déployées en nombre autour du tribunal, ont évacué les protestataires pour rétablir le calme.
DS