À quelques mois de la présidentielle de 2025, la scène politique ivoirienne est marquée par des tensions internes et des appels pressants à l’unité. Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre et leader du Front Populaire Ivoirien (FPI), a lancé un appel à Laurent Gbagbo, figure emblématique du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), pour qu’il endosse le rôle de catalyseur d’une opposition fragmentée.
Lors d’une rencontre avec des militants du FPI, Affi N’Guessan a souligné l’urgence de dépasser les clivages personnels afin de créer les conditions d’une alternance politique pacifique. Il a proposé la mise en place du Rassemblement pour une Alternance Pacifique, Inclusive et Démocratique (RAPID), inspiré par l’Appel de Bonoua initié par Gbagbo en juillet 2024. Selon lui, le leadership historique de Gbagbo lui confère la responsabilité de réunir les forces d’opposition, à l’image de feu Henri Konan Bédié lors de la contestation du troisième mandat d’Alassane Ouattara.
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Billaud Daniel, cadre du PPA-CI, a répondu à cet appel en confirmant la volonté de son parti d’engager des discussions avec les leaders des autres formations politiques. Il a rappelé que le PPA-CI avait déjà donné mandat à son président exécutif, Dano Djédjé, pour faciliter ces concertations. « Laurent Gbagbo est un leader charismatique capable de conduire l’opposition à la victoire », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité pour tous les partis de répondre favorablement à cet appel.
Cependant, l’unité de l’opposition reste fragile. La réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), la transparence du processus électoral, et l’exclusion de figures politiques majeures comme Gbagbo lui-même, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, sont des sujets de discorde non résolus. Officiellement investi par le PPA-CI en mai, Gbagbo demeure inéligible en raison de sa condamnation à 20 ans de prison en 2018 pour le braquage de la BCEAO en 2011, malgré la grâce présidentielle accordée en 2022.
Pour Gbagbo, la première bataille est claire : sa réinscription sur la liste électorale. Lors d’une réunion du PPA-CI en janvier, il a déclaré : « Il y a une lutte dans l’autre. La première lutte, c’est mon inscription sur la liste électorale. » Cette priorité personnelle pose la question de sa capacité à incarner un leadership dépassant ses intérêts individuels pour construire une coalition solide face au pouvoir en place.
Alors que l’échéance de 2025 approche, l’opposition ivoirienne est à la croisiée des chemins. Le rôle de Laurent Gbagbo pourrait être déterminant, non seulement pour réconcilier des visions divergentes, mais aussi pour proposer une alternative crédible capable de mobiliser au-delà des clivages historiques. Le défi est immense, mais le potentiel de changement l’est tout autant.
Grace-Gaelle