Salaires amputés des enseignants : le ministère de l’éducation lance une procédure de régularisation

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La récente grève dans le secteur de l’éducation en Côte d’Ivoire continue de faire des remous, même après la reprise des cours. Plusieurs enseignants et agents du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) ont signalé des ponctions sur leur salaire du mois d’avril 2025, bien qu’ils n’aient pas pris part à la grève menée du 3 au 9 avril.

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Face à ces réclamations, le ministère a réagi. Dans une note datée du 28 avril 2025, signée par Anastasie Kacou Sepou, Directeur de Cabinet Adjoint, la Direction des Ressources Humaines (DRH) du MENA reconnaît avoir été alertée sur des cas d’agents injustement impactés par les retenues sur salaire. Ces agents sont appelés à faire parvenir une demande écrite de régularisation, adressée au DRH, accompagnée de pièces justificatives prouvant leur présence effective pendant la période de grève. Les documents attendus incluent notamment des photocopies de pages de cahiers de textes, cahiers d’appels ou cahiers journaux.

« J’attends avec diligence la remontée de ces informations », souligne la note, traduisant la volonté de l’administration de traiter ces cas dans les meilleurs délais.

Cette régularisation intervient dans un climat encore marqué par les récentes tensions sociales dans le secteur éducatif. La grève, initiée par l’Intersyndicale du Secteur Éducation/Formation (IS-MENA / ETFPA), avait mobilisé une large majorité d’enseignants à travers le pays. Les revendications portaient principalement sur la revalorisation des primes d’incitation trimestrielles et la garantie du respect des libertés syndicales.

Le mouvement avait pris une tournure plus tendue dès le 2 avril, après l’arrestation nocturne de Ghislain Assy Dugarry, jeune enseignant et figure montante du militantisme éducatif. Considérée comme arbitraire par ses collègues, cette interpellation avait mis le feu aux poudres, intensifiant la colère dans les établissements scolaires et sur les réseaux sociaux. En réponse, l’intersyndicale avait décidé de prolonger la grève les 7 et 8 avril, malgré les mises en garde du gouvernement.

Le 5 avril, la ministre de la Fonction publique, Anne Désirée Ouloto, avait adopté un ton ferme : « Tout enseignant qui ne sera pas à son poste [ce matin] sera considéré comme démissionnaire », avait-elle déclaré, menaçant également de sanctions disciplinaires, voire de poursuites judiciaires, contre les meneurs.

Dans la foulée, plusieurs enseignants avaient été arrêtés, notamment à Bouaké et Bouaflé. Bien que les cours aient repris dans la majorité des établissements, les séquelles administratives de cette crise restent visibles. Les retenues opérées sur les salaires de certains agents non-grévistes ont provoqué frustration et incompréhension.

Le MENA tente aujourd’hui de calmer les esprits en lançant ce processus de rectification, destiné à rétablir la situation des agents lésés. Il reste à voir si la procédure sera suffisamment rapide et efficace pour dissiper les tensions et restaurer la confiance au sein du corps enseignant.

GG


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