Révision de la liste électorale : La réinscription de Laurent Gbagbo, un enjeu secondaire selon la CEI

Alors que la révision de la liste électorale approche, prévue pour la mi-octobre 2024, le débat autour de la réinscription de Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, continue d’animer les discussions politiques. Radié du fichier électoral après sa condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire de la BCEAO, sa possible réintégration divise l’opinion à moins d’un an de la présidentielle de 2025.

Un enjeu minimisé par la CEI

Coulibaly Kuibiert, président de la Commission électorale indépendante (CEI), a choisi de relativiser l’importance de cette question. Lors d’une interview accordée à TV5 Monde à Paris, il a clarifié la position de l’institution qu’il dirige : « Je n’en fais pas une préoccupation première ». Par cette déclaration, il indique que la réinscription de Laurent Gbagbo, bien que politiquement sensible, n’est pas un point central pour la CEI.

Kuibiert a souligné que le rôle de la CEI est avant tout technique et qu’elle n’est pas concernée par les condamnations judiciaires : « La CEI a peut-être le dos large mais elle ne condamne personne. Notre mission est d’actualiser la liste électorale en retirant les personnes décédées ou déchues de leurs droits civiques et en intégrant les nouveaux électeurs ». Cette précision vise à détacher la CEI des débats politiciens autour des radiations, tout en rappelant la nature purement administrative de son travail.

Tensions politiques autour de la réinscription

Cependant, du côté de l’opposition, la réinscription de Laurent Gbagbo reste un sujet brûlant. Le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président, ainsi que d’autres formations politiques, dénoncent une atteinte aux droits civiques et politiques. Ils réclament non seulement la réintégration de Gbagbo sur la liste électorale, mais aussi celle de Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, deux autres figures majeures de la scène politique ivoirienne.

L’opposition appelle à un dialogue politique avec le gouvernement pour régler ces différends et éviter des tensions inutiles à l’approche des élections. La révision de la liste électorale est perçue comme une opportunité pour apaiser les tensions politiques, mais l’absence d’une solution consensuelle pourrait renforcer les divisions.

Un cadre institutionnel limité

Du côté du pouvoir, la question des radiations est perçue comme une affaire strictement judiciaire, hors du champ de la CEI. Interrogé sur la possibilité d’un dialogue politique pour apaiser la situation, Coulibaly Kuibiert a répondu favorablement à cette idée : « Tout ce qui peut nous amener à l’apaisement est bienvenu », mais il a rappelé que cela ne relève pas de ses compétences. « Je ne suis qu’un exécutant. Initier un dialogue politique n’est pas du ressort de la CEI », a-t-il précisé.

Cette clarification du président de la CEI met en lumière la séparation des rôles entre la Commission électorale, le pouvoir judiciaire et le gouvernement. Si un dialogue politique venait à s’ouvrir, il impliquerait d’autres acteurs, laissant la CEI concentrée sur sa mission principale : garantir des élections transparentes et inclusives.

Une pression croissante pour une solution politique

Le sort de Laurent Gbagbo et des autres figures politiques radiées reste un défi majeur pour les mois à venir. À l’approche de la présidentielle de 2025, la pression sur le gouvernement et les institutions électorales pourrait s’intensifier. Un dialogue politique pourrait offrir une issue pacifique à cette situation, mais sa mise en place dépendra de la volonté des différentes parties de parvenir à un compromis.

En attendant, la CEI s’efforce de se tenir à l’écart des polémiques tout en rappelant que la transparence et l’exclusivité sont les principes directeurs de son action.

Grace-Gaëlle