Déguerpissement à Abidjan : Amnesty international appel les autorités à suspendre l’opération et à garantir les droits des victimes

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Amnesty international dans un communiqué sous embargo jusqu’au 14 août 2024 à 00h01 a appelé les autorités ivoirien à « immédiatement  garantir les droits des dizaines de milliers de personnes expulsées et suspendre les expulsions massives à Abidjan jusqu’à ce que des garanties soient mises en place pour interdire les expulsions forcées et assurer la protection des droits des personnes susceptibles d’être touchées ».  

Dans un  document dont la rédaction de Presse.ivoire.net a reçu copie, Amnesty international a relevé que « des milliers de familles expulsées de force » depuis janvier 2024 des quartiers de Gesco, Boribana, Banco 1 et Abattoir n’ont « toujours » pas été relogées et/ou indemnisées.

Pour  l’organisation non gouvernementale (Ong)  internationale qui promeut la défense des droits de l’Homme les mesures de soutien annoncées en mars 2024 doivent être mises en œuvre en « urgence » au profit de toutes les personnes affectées.

En effet, après être entretenu avec des familles expulsées Amnesty International a relevé dans son communiqué qu’elles n’avaient pas été « véritablement informées ni consultées » sur les procédures d’expulsion. Mais aussi sur les possibilités d’indemnisation et les solutions de relogement.

Selon Amnesty international « Quelles que soient les raisons invoquées pour justifier ces destructions, les autorités ont clairement manqué à leurs obligations » en matière de droits humains. Notamment celles découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (Pidesc), tous deux ratifiés par la Côte d’Ivoire en 1992.

« Plus de 10 machines ont envahi le village sans sommation ni mise en demeure »

Du 7 au 19 juin 2024, Amnesty International a visité quatre quartiers touchés par les démolitions : Gesco (sites Pays-Bas et Rivière), Banco 1 et Boribana, détruits en janvier et février 2024, et Abattoir, détruit du 1er au 4 juin 2024.

Le nombre de personnes et de propriétés touchées par les démolitions n’est pas connu précisément car les autorités n’ont pas procédé à un recensement systématique dans chaque quartier. Selon des données communiquées par les autorités locales, 1 199 familles et 203 propriétaires à Gesco, et 600 familles à Abattoir ont perdu leurs maisons. Le nombre de personnes affectées à Boribana a été estimé à 28 000 par Colombe Ivoire, une ONG locale. À Banco 1, 5 000 personnes ont été touchées, selon un dignitaire de la chefferie.

Toutes les personnes rencontrées par Amnesty International ont déclaré qu’elles n’avaient pas été consultées sur les conditions des expulsions et qu’elles n’avaient pas été dûment informées du jour des démolitions.

Echo Yapo, secrétaire général de la chefferie de Banco 1, a déclaré : « nous avons été surpris le 25 février. Plus de 10 machines ont envahi le village sans sommation ni mise en demeure, sans qu’on ait ne serait-ce qu’une petite notification de l’État… Les machines ont tout détruit. » Aimée est propriétaire d’une maison à Gesco, détruite le 20 février : « nous n’avons pas été avertis. J’étais sortie et les voisins m’ont appelé pour me dire qu’ils étaient en train de casser les maisons. À mon retour, ma maison avait déjà été démolie. »

Plusieurs des résidents qu’Amnesty International a rencontrés étaient en possession d’Arrêtés de Concession définitive (ACD), documents légaux conférant la propriété d’un terrain en Côte d’Ivoire. Eux aussi ont été touchés par les démolitions, comme Julien, propriétaire d’un immeuble à Gesco. « L’ACD est le papier qui prouve que ce terrain m’appartient. Et ce que j’ai construit dessus, on

Rappelons qu’en janvier 2024, de vastes opérations de démolition de quartiers et de déguerpissement de leurs habitants ont été lancées, sur des sites considérés comme à risque d’inondation dans les quartiers Gesco, Boribana, Banco 1 et Abattoir. Ces sites estimés 176  ont donc été démolis dans le cadre d’un plan de démolition selon un communiqué officiel rendu public le 26 février 2024 par le district autonome d’Abidjan.

Grace-Gaëlle


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